Dans le cadre du séminaire autour du « dialogue islamo-chrétien », le Collège des
Bernardins m'a sollicité pour intervenir sur le thème du « fondamentalisme
islamique et du rapport à l’autre », et je compte explorer cet aspect en
ayant recours à une approche dialectique tenant compte tant de l’Islam que de
l’Occident. Même si beaucoup sont intéressés en premier lieu par « le
fondamentalisme islamique », on ne peut en réalité faire l’économie de
cette approche dialectique qui est la condition du dialogue.
Explorer les possibilités d’échanges avec ce que l’on
appelle « fondamentalisme islamique » fait d’autant plus sens pour
moi que je suis l’avocat, depuis plusieurs années, au Maroc et dans le monde
arabe d’un dialogue entre les mouvements islamiques et la gauche dont je suis moi-même
issu. J’ai également été amené à travailler sur ces mouvements tant sur un plan
ethnographique que conceptuel, et j’espère partager avec vous un effort de
compréhension et de respect qui doit déterminer toute relation à l’Autre.
Je souhaite rappeler que dans ce moment, un échange
réel n’est possible que si nous avons à l’esprit la nature de la représentation
de l’Islam dans les imaginaires européen et français, ainsi que dans les écrits
savants sur l’Islam et les musulmans publiés en France depuis plus de deux
siècles. Dans tout questionnement sur la relation entre Islam et Occident, on
ne peut faire l’économie de la réflexion initiée par Edward Saïd dans L’Orientalisme (1978) et prolongée dans Culture et Impérialisme (1993). Dans ces
ouvrage encore trop peu méconnus en France, Edward Saïd montre comment une
image fantasmée de l’Orient, de l’Islam, des Arabes a été forgée par des romans
de Flaubert ou de Camus, des traités encyclopédiques de Sylvestre de Sacy ou des
essais de Ernest Renan. Ses travaux doivent nous amener à réfléchir sur la
relation structurelle entre la représentation de l’autre et la relation de
domination. La production du savoir sur l’Islam est structurellement liée au
pouvoir colonial qui avait besoin de connaitre l’Autre pour mieux le dominer.
Cette relation entre savoir et pouvoir est encore à l’œuvre aujourd’hui dans
les rapports néo-coloniaux qu’on retrouve aujourd’hui par exemple entre la
France et l’Afrique du Nord. Par rapport à l’orientalisme classique, le
néo-orientalisme qui s’est développé dans l’Université française et dans la sphère de l’expertise depuis une
trentaine d’années est certes beaucoup moins érudit mais tout aussi proche des
centres de pouvoir. Souvent superficiel, ce néo-orientalisme est trés sollicité
dans les medias et contribue à maintenir les représentations hostiles à l’Islam
dans l’imaginaire français.
Je dois ici attirer votre attention sur un autre problème
lié cette fois non pas directement à l’Islam, mais à la manière dont la
religion est conçue et représentée dans les récits dominants de la modernité en
France. L’histoire dominante de la modernité en France, du fait peut-être du laïcisme
qui y prévaut, est souvent conçue comme une trajectoire linéaire de sécularisation.
Dans ce récit de la sécularisation fortement influencé par les Lumières, l’émergence
du monde moderne s’est faite en opposition à la religion et au prix « d’une
sortie de la religion ». Ce type de récit qui oppose de manière
manichéenne religion et modernité, autonomie de la loi et hétéronomie du dogme,
lumières de la raison et obscurantisme de la foi, liberté du citoyen et
servitude du croyant, peine à rendre intelligible les manifestations
contemporaines du religieux. Dans un monde que les héritiers de la philosophie
des Lumières ont pensé comme séculier, la force des phénomènes religieux dans
les sphères publiques tant nationales que mondiale est perçue exclusivement
comme une menace sur les libertés des modernes et leur mode de vie.
Plusieurs écrits suggèrent que nous vivrions une
époque plus qu'aucune autre sous l'emprise « d'un retour du religieux »
dont les fondamentalismes seraient la forme la plus extrême. Depuis plus d’une
trentaine d’années, c’est-à-dire depuis la Révolution Islamique d’Iran en 1979,
le thème « du retour du religieux » est régulièrement évoqué dans les
medias et les travaux académiques d’abord en relation avec l’Islam puis
ultérieurement avec le Christianisme et d’autres confessions. Prenons garde aux
effets de mode et rappelons que « le retour du religieux » en
référence au Christianisme est un thème récurrent en Occident, particulièrement
en France après la Révolution de 1789. On peut même dire que tout au long du
XIXe siècle, la France est hantée par ce thème depuis Chateaubriand et son Génie du Christianisme, jusqu’à Renan
qui évoque le « retour de la religion en fin de siècle » dans ses Etudes
d'histoire religieuse, en passant
par Guizot qui parle de "réveil chrétien » dans ses Médiations sur la religion chrétienne.
Le recours aux fondements religieux n’est pas le
propre des fondamentalismes mais constitue une composante souvent occultée de
la modernité. Revenons aux grands textes de la philosophie européenne et on
trouvera une formulation théologico-politique de la modernité, plutôt qu’une
formulation séculière. Dans le Léviathan,
Hobbes, qui est sans doute le théoricien le plus important de l’Etat moderne,
s’appuie sur des fondements religieux. Hobbes présente l’Etat comme « un
dieu mortel » [a mortal God] et a recours à l’Ancien comme au Nouveau
Testament pour justifier l’étendue des pouvoirs du Souverain. Dans la troisième
et la quatrième partie du Léviathan,
Hobbes développe même sa propre herméneutique biblique destinée à la communauté
chrétienne (Christian Commonwealth).
Le recours aux fondements religieux est également au
coeur de plusieurs textes de Hegel dont on connait l’importance dans l’histoire
de la philosophie occidentale. Dans La phénoménologie de l'Esprit ou Les
Leçons sur la Philosophie de l'Histoire, Hegel conçoit la religion comme une dimension centrale tant dans le rapport de la conscience au monde, mais
aussi dans la marche de l’histoire. Dans L’Encyclopédie Hegel identifie
la philosophie à la religion dans une même capacité à unifier dans une unité
cohérente le sujet et l’objet, la vie intérieure de l’homme et son ancrage dans
le monde extérieur.
Les grands moments de changement religieux dans le
Christianisme se sont déroulés en relation avec un retour aux fondements de la
Révélation. Comme le souligne Jean Luc-Nancy dans La Declosion. Déconstruction du Christianisme : "le
christianisme est engagé dès son commencement dans un perpétuel procès
d'autorectification ou d'autodépassement, le plus souvent sous la forme d'une
autorétrospection en vue d'un retour à une origine plus pure [.... qui se
poursuit aujourd’hui, mais qui commence déjà entre les Evangiles et Paul, entre
Paul et Jacques, dans les origines du monachisme, puis bien entendu dans les
diverses Reformes" (p.59).
La Réforme initiée par Luther, souvent présentée comme
un des plus importants moments dans l’histoire de la modernité occidentale,
illustre également la référence aux
fondements du Christianisme. Dans ses textes sur la lettre et l'esprit dans
l’interprétation des Ecritures, sur la liberté du chrétien ou sur le pouvoir de
l'autorité séculière, Luther s’appuie sur une interprétation du Nouveau
Testament et notamment les Epitres de Paul, pour démocratiser la relation au
divin et offrir à chaque chrétien la possibilité d’accéder à la foi sans passer
par la médiation de l’institution ecclésiale.
On ne saurait donc occulter dans notre réflexion sur
la religion la tension structurant la modernité occidentale, et le récit qui en
est fait, entre d’une part une sécularisation linéaire et d’autre part, une généalogie
chrétienne. D’un coté, la modernité se serait construite contre le religieux.
De l’autre, la modernité aurait pris naissance dans des valeurs, des croyances
et des institutions chrétiennes.
A travers les exemples de Hobbes, Hegel ou Luther, et
la mise en évidence la tension entre généalogie chrétienne et séculière
structurant le récit occidental de la modernité, j’espère attirer votre
attention sur la nécessité de prendre au sérieux un instant ce qui est désigné
comme « fondamentalisme islamique », c’est-à-dire faire l’effort de
compréhension avant de s’enfermer dans des jugements péremptoires. Ce que je
veux suggérer ici, c’est que le recours aux fondements religieux est
constitutif de la modernité occidentale, et ne peut être considéré comme une
réaction « obscurantiste » ou l’expression d’un passéisme qui serait
les traits distinctifs du fondamentalisme de l’Autre (religion). Le rapport que
les musulmans contemporains doivent entretenir aux fondements de l’islam est
soulevé avec acuité par les mouvements islamiques.
Que signifient donc le recours et le retour aux
fondements de la révélation dans l’Islam contemporain? A travers ce retour
et ce recours aux fondements, c’est le renouvellement –tajdid- de l’islam qui est en jeu.
Le recours aux fondements se pose avant tout dans les
moments de crise. La colonisation constitue la crise majeure que les sociétés
musulmanes, comme plusieurs autres sociétés, ont vécue depuis le XIXe siècle.
Cette crise est d’abord une crise de la transmission du sens musulman,
c’est-à-dire de la capacité du langage à dire le nouveau monde émergeant au
contact de l’Occident. C’est en substance un des problèmes soulevés par les écrits
des premiers réformistes musulmans de la fin du XIXe siècle, notamment
Jamal-Din al-Afghani and Muhammad Abduh. C’est à la lumière de cette crise de
langage et de sens que les textes des figures des mouvements islamiques
contemporains comme Hassan al-Banna, fondateur de la confrérie des Frères
Musulmans en 1928, ou bien Sayyid Qutb, autre figure de la confrérie, doivent
être situés.
Cette crise de sens est une crise du rapport de la
conscience musulmane au monde extérieur. Comme dans tout moment de
« malheur de la conscience » –pour reprendre la formule de Hegel dans
La Phénoménologie de l’Esprit-, le
sujet vit son existence dans le monde comme une aliénation, oriente sa pensée
vers la négation du monde, et se réfugie dans son intériorité. Mais ce malheur
est aussi le moment qui permet à la conscience d’être lucide et de reconstruire
un nouveau sens qui lui permet de
dépasser l’aliénation et de se réconcilier avec le monde. Si le sujet s’estime
étranger au monde, il cherche aussi à réduire cette étrangeté et à faire du
monde son propre foyer.
Comment s’opère cette réconciliation avec le
monde ? Elle prend appui sur une relecture du passé musulman qui privilégie
une interprétation directe du texte coranique et des dits du Prophète Mohammed.
C’est-la un exemple majeur de cette tentative de reconstruire le sens à travers
une herméneutique qui est à la fois ancienne et nouvelle. Ancienne parce
qu’elle reproduit la geste des grands savants et penseurs de l’Islam comme
Al-Shafi’i qui fonde au second siècle de l’Islam (VIIIe siècle de l’ère
chrétienne) la discipline des usul-al fiqh [science des fondements du
droit musulman], ou encore Al-Ghazali au Ve siècle de l’Islam (XIe siècle de
l’ère chrétienne) qui cherche à revivifier les sciences de la religion dans son
ouvrage éponyme Ihya’ ulum-al din.
Le retour aux textes fondateurs de l’Islam à partir de
la fin du XIXe siècle constitue aussi une entreprise nouvelle dans la mesure où
elle intervient dans un contexte de modernisation et de domination de
l’Occident. L’herméneutique islamique doit faire face au développement de
l’Etat moderne qui a transformé les conditions de production du savoir en
islam. Pendant des siècles, le savoir était formulé par les oulémas -les
savants de l’Islam- de manière totalement indépendante du pouvoir politique.
Les gouvernants n’avaient aucun droit de regard sur les avis des muftis et les
jugements des cadis.
Vous aurez compris que l’enjeu fondamental qui se pose
ici, est la question de la formulation de la norme dans le cadre de la shari’a, traduite de manière impropre
par « droit musulman ». Il convient ici de faire une distinction
cruciale entre shari’a et fiqh.
Etymologiquement, la shari’a est le
chemin qui mène à la source. Le croyant doit suivre la voie divine, mais cette
voie se dérobe à chaque tentative faite pour s’y engager. Il s’agit d’un
exercice perpétuel de déchiffrement du sens de la voie. En tant que telle, la shari’a est inaccessible. Sa
connaissance n’est possible qu’à travers la médiation du fiqh. Aussi, il n’y a pas de connaissance directe de la shari’a mais seulement une tentative
d’en avoir une connaissance par le truchement du fiqh.
Habituellement traduit par « jurisprudence
musulmane », le fiqh est le
savoir qui formule la norme islamique. Jusqu’au XIXe siécle, le fiqh, en tant que production humaine du
savoir était dynamique. J’utilise ici le terme « savoir » en relation
avec la connaissance des textes fondateurs de l’Islam –principalement le Coran
et les Hadiths (dits du Prophète)- ainsi que des textes d’une tradition
savante, parmi les quatre grands mazhab
improprement traduit par « rite », et que je désignerai ici par traditions
savantes –Malékisme, Hanéfisme, Chafiisme, Hanbalisme. La production du savoir
était donc dynamique dans le sens où le savant nourri de ces différents textes
mais aussi ancré dans la communauté locale avec laquelle il interagissait
formulait des avis répondant tant à des impératifs éthiques qu’au maintien de
la cohésion de la communauté. Autrement dit, un double mouvement de relecture
et d'interprétation des textes à la lumière de la réalité, et de la réalité à
la lumière des textes nourrissaient le travail de la norme.
Le processus de modernisation enclenché depuis le XIXe
siècle va mettre un terme à cette autonomie de la formulation de la norme
islamique par les savants de la communauté. Déracinée de son episteme originale et originelle, la
norme islamique est devenue depuis la période coloniale un droit de l’Etat.
C’est l’Etat qui s’est érigé en pouvoir unique autorisé à dire la norme, aux dépens
des savants de la communauté. Au-dela de la norme, c’est en réalité la
possibilité d’assurer l’actualisation de
la présence divine dans le monde social qui a été foreclose par le pouvoir d’Etat.
Autrefois disposant d’une autonomie financière
provenant des habous –les fondations religieuses-, garantissant leur
indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, les oulémas sont devenus eux-mêmes
des fonctionnaires de l’Etat. De ce point de vue, l’émergence des mouvements
islamiques contemporains doit être comprise comme une tentative de préserver la
transmission du savoir et de l’éthique islamique face à l’étatisation de la
norme. Ces mouvements
desserrent l’étau étatique dans lequel a été enfermée la parole religieuse.
L’action des
mouvements islamiques n’est pas monolithique et laisse entrevoir des compromis
avec la vie moderne. La participation des mouvements islamiques au jeu
politique (élections communales, élections législatives, contribution à
l’action parlementaire et au vote des lois, gestion communale, presse
partisane) a eu pour effet une hégémonie des professionnels de la politique sur
les professionnels du religieux. Le projet initial de réinvestissement
religieux du monde est en tension permanente avec l’ascèse intramondaine de
l’action politique.
La
reformulation du sens du monde à travers une relecture des textes fondateurs de
l’islam n’est pas, bien entendu, la seule réponse débattue dans la pensée
islamique contemporaine. Des penseurs majeurs comme Abdellah Laroui ont proposé
à l’inverse, dès les années 1970 dans La
crise des intellectuels arabes une critique de la tradition et du
traditionalisme, et, à partir d’une perspective historiciste, ont incite les
pays arabes à faire d’abord l’expérience du libéralisme afin de réduire l’écart
économique avec l’Occident. D’autres penseurs comme Mohammed Abd al-Jabiri ont
entrepris un projet de revivification de la raison averroïste dans La critique de la raison arabe, et ont
appelé a renouer avec le rationalisme andalous propre au Maroc et au Maghreb
(ou Occident du monde arabe) qui se distinguerait de la philosophie mystique du
Machrek (ou Orient du monde arabe). Bien que je ne partage pas plusieurs des
points soulevés par Laroui et Al-Jabiri dans leurs écrits, notamment sur les
aspects liés à une conception linéaire de l’histoire, il n’en reste pas moins
que ces travaux ont le mérite de poser des questions importantes relatives à
l’être arabe et musulman.
Les questions
d’interprétation et de sens en Islam sont d’autant plus cruciales dans le
contexte des révoltes arabes, et particulièrement la relation entre le
mouvement islamique et le mouvement séculier ou laïque. Nous ne pouvons pas
nous permettre de reproduire des situations similaires au drame égyptien de cet
été et la répression sanglante qui s’en est suivie. Et un des aspects du
problème est la relation entre ceux qui se réclament du référentiel islamique
et ceux qui renvoient au référentiel séculier. Nous devons produire les
conditions d’une formulation de la question islamique qui nous réconcilie avec
notre passé et offre dans le même temps les conditions d’une politique juste,
démocratique et émancipatrice. Sur ce plan, je serai en désaccord avec
l’historicisme qui estime que les pays arabes et de manière plus générale les
pays du Sud doivent reproduire l’expérience historique de l’Europe. Cela
implique également que nous ne soyons pas dans une situation d’imitation de
l’Occident ou d’un rapport dogmatique avec la modernité. La modernité n’a rien
de sacré, et doit aussi être soumise à tout exercice de pensée critique. Cela
implique précisément de revendiquer notre droit à la créativité historique et
notre droit à renouveler la transmission interrompue par la modernisation, et à
la réinscrire dans une nouvelle temporalité.
La construction
du sens du monde en rapport avec l’être islamique ne saurait produire une
conception utilitariste du monde régi par les intérêts individuels dans le
cadre de l’Etat moderne comme c’est le cas dans la conception dominante de la
modernité. La construction à laquelle je pense se fait d’abord autour de la
communauté, et d’un espace politique qui n’est pas le monopole de l’Etat et qui
se situe par-delà l’Etat. C’est aussi une construction qui repose sur l’éthique
dans un monde ou la formulation du droit moderne s’est faite en écartant la
dimension éthique.
Plus
précisément, la question de la permanence de l’être islamique par-delà les
changements et les ruptures est un élément central dans toute réflexion sur la
relation entre le passé et le présent, et sur le dépassement des formes
contemporaines de domination. Cette permanence de l’être islamique renvoie à la
compréhension et a l’interprétation de textes fondateurs de la culture
islamique. Pour moi, l’herméneutique n’est jamais un exercice clos et consiste
à renouveler constamment l’exercice d’interprétation des signes. Le sens du
monde dans lequel nous vivons ne peut se limiter à être un simple donné, et à
se plier à l’injonction qui consiste à dire : puisque le monde actuel est
régi par l’Occident et la modernité occidentale, vous devez vous pliez à ses
règles et adopter le sens qui s’impose à vous. Un sens imposé et unilatéral,
produit d’un rapport de pouvoir, ne peut que produire de l’aliénation. Aussi,
la construction du sens ne peut se faire que de manière dialectique, dans un
double rapport de négation et de dépassement. Et j’entends la négation dans
l’acception hégélienne du terme, c’est à dire une négation qui dans le même
temps affirme une positivité et s’approprie ce qu’elle nie. Et le dépassement
ne peut se faire que dans une interprétation de la source qui est dans le même
temps une double temporalité : retour et remontée vers la source et son actualisation
dans le présent. C’est la le sens primordial et premier de la Shari’a.
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